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Interview d'Anne-Laurence Petel accordée à Armenpress

Interview d'Anne-Laurence Petel accordée à Armenpress

EREVAN, 28 MARS, ARMENPRESS: Dans une interview accordée à Armenpress, la présidente du groupe d'amitié France-Arménie à l'Assemblée nationale française, Anne-Laurence Petel, a exprimé sa conviction que son pays peut contribuer à renforcer les capacités de défense et de souveraineté de l'Arménie. Selon la députée, la France est devenue un partenaire important de l'Arménie dans le domaine de la défense, permettant au pays d'équilibrer ses relations avec son voisin agressif, l'Azerbaïdjan.

Anne-Laurence Petel a évoqué les efforts de la France pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh, les perspectives de coopération entre les deux pays dans les domaines de la défense, de l'économie et de la culture, la résolution adoptée par le Sénat français qui condamne l'agression de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et demande à l'Azerbaïdjan d'assurer le retour en toute sécurité des personnes déplacées de force du Haut-Karabakh.

- Vous êtes en Arménie pour la première fois en tant que présidente du groupe d'amitié Arménie du Parlement français. Quel est le programme de votre visite en Arménie ?

- C'est ma quatrième, et même ma cinquième, visite en Arménie. Cette fois-ci, il s'agit de la visite de la délégation du groupe d'amitié Arménie, et je suis donc ici pour la première fois en tant que chef du groupe. Notre délégation comprend des parlementaires de différentes convictions et factions. Nous avons une délégation multipartite, qui reflète le consensus de tous les partis politiques pour soutenir l'Arménie.

- En janvier, le Parlement français a adopté une résolution condamnant l'agression de l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh, qui est passée quelque peu inaperçue. Pourriez-vous préciser le contenu de cette résolution ?

- Oui, bien sûr. La résolution a été adoptée par le Sénat français. Elle demande à l'Azerbaïdjan de garantir le droit au retour de la population du Haut-Karabakh dans des conditions de sécurité et de bien-être. La résolution condamne en outre l'occupation par l'Azerbaïdjan des territoires de l'Arménie et demande à l'Azerbaïdjan de retirer ses forces armées du territoire de l'Arménie.

- Elle appelle également à des sanctions contre l'Azerbaïdjan.

- Oui, elle appelle également à des sanctions.

- Quel est votre avis sur la coopération entre la France et l'Arménie ?

 - La coopération entre la France et l'Arménie agit à plusieurs niveaux.

Le premier niveau, qui fait actuellement l'objet d'intenses discussions et qui est considéré comme le plus important, concerne la protection des frontières et de l'intégrité territoriale de l'Arménie.

Cette coopération en matière de défense s'est considérablement accélérée au cours des derniers mois et a reçu le soutien unanime du groupe d'amitié France-Arménie, ainsi que de toutes les parties.

Pour moi, en tant que Présidente du groupe d'amitié, cette unanimité sur l'assistance de la France à l'Arménie en matière de défense est très encourageante. Quant à la coopération économique, elle n'est pas encore à la hauteur des relations amicales et politiques entre la France et l'Arménie.

La France est actuellement le 11e partenaire économique de l'Arménie, mais il est important d'accélérer cette coopération. Récemment, lors de la cérémonie de l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon au cours de la rencontre entre le Premier ministre Pashinyan et Gabriel Atal (éd. Premier ministre français), les parties ont convenu de reprendre l'initiative "Ambitions France-Arménie" lancée par le président Macron il y a deux ans. Nous allons maintenant suivre de près la mise en œuvre de cette initiative afin de la promouvoir. Des groupes de travail seront mis en place de part et d'autre pour renforcer notre coopération économique. C'est une mesure très positive que les deux parties ont prise pour accélérer ces discussions économiques et introduire des mécanismes concrets pour leur mise en œuvre.

Une structure a déjà été mise en place pour coordonner ces efforts, et mon prochain pas sera de discuter avec les ministères des moyens de renforcer cette coopération et de la faire progresser. En tant que groupe d'amitié, nous attendons également avec impatience le travail actif des députés européens à cet égard.

- Comment la France peut-elle contribuer au règlement du conflit du Haut-Karabagh ?

- Par la diplomatie. C'est une évidence et la France a beaucoup fait en ce sens. Même après 2020, la France a tout fait pour contribuer au règlement du conflit et, en premier lieu, à la signature du traité de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.

Cependant, au cours des derniers mois, en particulier depuis septembre 2023, et suite aux incidents survenus sur le territoire arménien en 2021 et 2022, il est devenu évident que la France a un rôle à jouer dans le renforcement de la capacité de défense et de la souveraineté de l'Arménie.

En fait, il est devenu clair que la Russie n’est plus un allié fiable pour l’Arménie. Ainsi, la France est devenue un partenaire essentiel de l'Arménie dans le domaine de la défense, ce qui permet à l'Arménie d'avoir une relation plus équilibrée avec son voisin agressif, l'Azerbaïdjan. Le rôle de la France est donc double: contribuer aux efforts de résolution pacifique du conflit, tout en soutenant le renforcement des capacités de défense de l'Arménie. Comme l’a souligné le président Macron en 2020, cela signifie identifier l’agresseur et soutenir la partie défensive dans ses actions de défense.

Un jeu diplomatique très délicat se déroule actuellement. L’Arménie exprime clairement sa volonté de se rapprocher de l’Europe et de s’éloigner de la Russie. Dans ce contexte notamment, toute déclaration de soutien de la France peut créer des tensions.

En réalité, la France accompagne l'Arménie dans le renforcement de ses institutions et la réalisation de son aspiration à avancer sur la voie de la démocratie.

C'est pourquoi la France est le partenaire de l'Arménie, celle-ci ayant choisi la voie d'une plus grande indépendance. Il ne s’agit pas de remplacer la dépendance à l’égard de la Russie par une dépendance à l’égard d’un autre pays, mais de renforcer la capacité de l’Arménie à devenir une véritable démocratie avec toutes les implications que cela implique, y compris dans le domaine de la défense.

En effet, l’Arménie recherche des partenariats dans divers secteurs, dont la défense. Il faut être réaliste : la Russie n’est plus un allié entièrement fiable pour l’Arménie. Elle n’a pas rempli son rôle lors du conflit du Haut-Karabakh, ce qui a poussé l’Arménie à rechercher d’autres partenaires plus fiables, comme la France.

Concernant l’Europe, nous souhaitons attirer l’attention de nos partenaires européens sur ces questions. L’Arménie a besoin de trouver des partenaires fiables, et la France en fait partie.

Le facteur principal dans tout cela n’est pas seulement la proximité, mais aussi la fiabilité du partenariat. La Russie est géographiquement proche de l’Arménie et détient toujours une influence significative non seulement en termes de sécurité mais aussi sur le plan économique.

- Comment évaluez-vous la coopération économique entre l’Arménie et la France et quelles opportunités voyez-vous ?

- Quant à la coopération économique entre l'Arménie et la France, elle est pour l'instant modeste. Comme mentionné précédemment, la France est le 11ème partenaire économique de l'Arménie. Malgré notre forte amitié et notre soutien important dans le secteur de la défense, nos liens économiques et la présence des entreprises françaises en Arménie restent limitées. C’est un domaine dans lequel nous devons accélérer nos efforts.

Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a récemment rencontré des membres de l'organisation « Mouvement des Entreprises de France » (MEDEF), qui souligne également la nécessité de développer le partenariat économique entre l'Arménie et la France. Il est important de faire progresser nos intérêts économiques. Lors de la récente visite du Premier ministre en France, les discussions ont également porté sur les possibilités d'investissement français dans les infrastructures arméniennes, notamment la participation à la construction de la route Nord-Sud et l'implication dans le secteur énergétique.

- Je voudrais vous demander de parler des initiatives en cours visant à renforcer les liens culturels entre la France et l'Arménie.

- Nous avons rencontré l'ancien ministre de la Culture de France fin octobre, si je me souviens bien. Au cours de cette réunion, plusieurs accords de coopération avec l'Arménie dans le domaine culturel ont été discutés. Notamment l'accord entre le musée du Louvre et le musée Erebuni pour héberger les collections dans le nouveau département d'art chrétien oriental du musée du Louvre.

En outre, des discussions ont eu lieu avec le Centre national du cinéma français afin de démarrer une coopération entre l'Arménie et la France dans ce domaine. Personnellement, je travaille sur une collaboration déjà avancée entre le Ballet National et l'Opéra d'Erevan pour créer un spectacle commun qui sera présenté à la fois à Aix-en-Provence et à Erevan. Les Arméniens seront également impliqués dans ce projet. Après avoir renforcé ces partenariats, nous pourrons développer d’autres collaborations culturelles. J'ai l'intention de rencontrer la nouvelle ministre de la Culture  pour faire le point sur ces partenariats et m'assurer qu'ils progressent comme prévu.








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